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Yonne Altermondialiste
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29 mai 2006

un 29 mai

Il y a un an, le projet de traité constitutionnel européen a été rejeté par une majorité de Français.

Depuis, nous avons enregistré, le plus souvent avec étonnement, quelques faits.

D’abord, notre NON a été salué par presque tous les peuples d’Europe, notamment ceux qui n’ont pas la possibilité de faire entendre démocratiquement leur voix pour refuser un projet funeste. Ensuite, le Président de la République, dès le lendemain, a fait savoir en haut lieu qu’il ne fallait pas tenir compte de ce résultat. Récemment, il a réitéré ce genre de démarche en promulguant une loi mais en interdisant son application plutôt que de renvoyer le projet devant la représentation nationale. Ces décisions ont montré que le fossé entre les politiques et la population ne cesse de se creuser puisque la majorité parlementaire ne tient aucun compte des résultats électoraux. Faut-il rappeler les conditions douteuses de l’élection présidentielles ? Faut-il encore rappeler les échecs du parti unique de la majorité à toutes les consultations démocratiques depuis les élections de 2002 ? Les gouvernements n’ont même pas été remaniés malgré les promesses toujours répétées de constituer un cabinet réduit.

Ensuite encore - mais c’était prévu- les tenants de l’ultra libéralisme ne cessent d’accuser le peuple français d’avoir mal voté et lui font porter la responsabilité de toutes les difficultés que rencontrent la France et l’UE, alors même que c’est la primauté du financier sur tout le reste qui est responsable des licenciements, des déficits, du poids insupportable des charges sur les actifs, qui décide des délocalisations et met en concurrence, dans des enchères immorales, les salariés européens ; entre eux et avec les salariés asiatiques notamment.

Bien des difficultés économiques viennent de la Banque Centrale Européenne, institution indépendante et qui n’en fait qu’à sa tête au mépris des gouvernements et qui fonctionne selon des craintes trentenaires. L’euro fort pénalise les entreprises. Il est facile ensuite de citer le blairisme comme exemple quand la livre échappe à ces contraintes et que le gouvernement britannique contrôle sa banque centrale. La Grande-Bretagne a enregistré également la plus forte progression de la pauvreté.

Ce sont bien les libéralistes qui jouent contre les Nations et qui affaiblissent les économies des pays européens. Ils finissent par convaincre le populaire, grâce à la puissance de leur presse, que le pays s’engage sur le déclin et que la faute lui en incombe. Précisément, c’est le progrès social qui a été le moteur de la croissance économique ; les fameuses « trente glorieuses ». Or, c’est bien depuis qu’ils rognent, petit à petit, la protection sociale, la santé, l’éducation que l’on observe l’insécurité, le chômage, une croissance à peine positive et la violence qui en résulte dans les territoires exclus de tout progrès, tandis que partout la misère gagne du terrain y compris parmi les salariés.

Dans le même ordre d’idées, les libéralistes entretiennent la confusion entre l’attachement à la l’UE et le soutien au TCE. Ce projet, élaboré sous la direction d’un homme qui était chef d’Etat trente ans auparavant, représentait un monument de ce qu’il faut éviter : un texte constitutionnel long, compliqué et plein de contradictions puisque la plupart des avancées d’apparence positives se trouvaient infirmées dans les annexes voire dans le même article. Les accusations de xénophobies sont intolérables pour ceux qui défendent les peuples en lutte contre l’ultra libéralisme. Quant au fameux « plombier polonais » il a été inventé par F.Bolkestein, connu pour d’autres raisons. Ne confondons pas.

Autre chose, l’affaiblissement de l’UE procède non du rejet du TCE par  les Néerlandais et le Français mais de l’usure du pouvoir dans des grands pays comme la Grande-Bretagne et la France et des crises politiques dans d’autres comme l’Allemagne et l’Italie, sans parler de l’extrême droite qui se trouve aux commandes de la Pologne dans une indifférence suspecte.

A ce stade, il convient de s’interroger sur les intentions de ceux qui ont insisté, puis obtenu l’entrée de dix nouveaux pays dans l’UE. Cette arrivée, souhaitable, s’est effectuée au mépris des règles habituelles d’intégration. Des Etats qui, une dizaine d’années auparavant fonctionnaient selon des structures incompatibles avec le marché, n’hésitent pas à mettre en place des politiques fiscales pour concurrencer les autres Etats. Le nombre élevé de pays entrants constituait une première. Enfin, et c’est le point essentiel, le budget tenant compte de l’élargissement et des nouvelles dépenses induites (les fonds structurels notamment) n’a pas été prévu. On aurait voulu affaiblir l’idée généreuse, fondatrice de la communauté européenne, qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Si, comme on l’entend parfois, cet élargissement nécessitait de nouvelles règles de fonctionnement, elles auraient dû être préparées avant, en concertation avec les candidats.

Enfin, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, certains qui, il est vrai du bout des lèvres, avaient appelé a rejeter le TCE, n’ont pas manifesté le moindre enthousiasme au soir du référendum. Ils paraissent regretter que l’engagement d’attac dans la campagne -décisive selon toutes les analyses- s’est avéré utile et nécessaire. Ils ont repris les critiques de nos nombreux adversaires et nous reprochent d’avoir porté contre tous l’espoir d’une autre voie.

Ce sont les mêmes qui se montrent prompts à discréditer les actions en faveur du commerce équitable car, tout ne serait pas aussi bénéfique qu’on le voudrait. Ce sont les mêmes qui ont dénoncé, les premiers, les difficultés rencontrées par le Président brésilien da Silva, comme s’ils voulaient prouver, avec les libéralistes, qu’il n’existe pas d’alternative à l’ultra libéralisme. Ce sont encore eux qui traitent le Président vénézuélien Chavez de populiste quand celui-ci utilise les revenus du pétrole, non pas au profit de quelques actionnaires mais pour financer des programmes de santé et d’éducation en partenariat avec des Etats voisins.

Le plus grave demeure que, quelques uns de ces dénigrements proviennent de membres d’attac et que ces critiques – parfois justifiées car tout le monde sait bien que rien n’est jamais tout noir ou tout blanc – loin d’être constructives, instillent le doute autour de nous et parmi nous.

En effet, comment convaincre les autres qu’un autre monde est possible quand, certains d’entre nous n’en sont pas convaincus et s’ingénient à vouloir prouver le contraire ?

Des millions de personnes de par le monde ont retrouvé un peu d’espoir après que des Français ont constitué une association  pour proposer une alternative à l’ultra libéralisme. Depuis, les pays qui, les premiers, ont subi l’ultra libéralisme forment l’avant- garde de cette lutte. Notre devoir consiste, au moins, à ne pas les décevoir et à les appuyer.

A notre humble niveau, c’est ce qui a présidé à la constitution de notre association dans l’Auxerrois lorsque une bonne partie des alter mondialistes icaunais a décidé de relayer la campagne promue par attac en informant et en mettant en garde contre la tentation de l’abstention. Qu’on se souvienne du matraquage que nous subissions l’an dernier à la même époque. Il nous a fallu des convictions chevillées au corps pour faire face et pour porter l’espoir. Le jeu en valait la chandelle puisque les électeurs nous ont donné raison.

Un coup a été asséné à la fatalité de la pensée unique libéraliste. Nous savons tous que cela ne constitue qu’un premier pas ; nécessaire. Nous devons continuer de porter l’espoir né du NON au référendum. C’est ce combat qui a fondé notre légitimité.  Attac Yonne Vallées répond à une attente largement exprimée. Attac, c’est le paysan sans terre d’Amérique du sud, c’est l’ouvrier indien, c’est la femme africaine, c’est vous, c’est nous. Malgré les embûches, les calomnies, hélas, l’adversité, nous devons rassembler nos forces, nous enrichir de nos différences pour continuer à porter tous ensemble cet espoir qu’un autre monde est possible.

Nous qui avons voté NON, nous aimons l’Europe parce que nous sommes l’Europe ; l’Europe des peuples qui la composent.   Les institutions ne sont qu’un moyen. Les capitaux et la finance se moquent pas mal des institutions, des frontières et des peuples. Nous, nous voulons l’Europe des femmes et des hommes, tous ensemble.

Yves

Adhérent d’attac

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