Une excellente analyse de R.-M. Jennar. Visiblement, il connaît bien les Belges et la Belgique.
Deux remarques : De toute évidence et malgré la différence de langues, il existe une véritable identité belge. Vu de l’extérieur, il peut paraître rationnel d’inciter la partie flamande à rejoindre les Pays-Bas et la partie wallonne à se rattacher à la France.
Seulement
, comme le remarque R.-M. Jennar le souligne avec raison, le fonctionnement de la démocratie locale belge est beaucoup plus avancée. La plus grande autonomie des communes a une incidence directe sur le logement social. En Belgique, il n’existe pas de zone où sont concentrés tous les problèmes sociaux du moment : chômage, précarité, immigration, insécurité. La mixité sociale plus grande épargne à la Belgique
les graves ressentiments qu’on connaît trop ici et qui se traduit par une augmentation continue de la délinquance et de la criminalité.
Cela amène la deuxième remarque. Elle part du constat que la Wallonie
pourrait difficilement s’en sortir seule quoi que, l’auteur fait remarquer qu’il n’y a pas eu de véritables projections pour en étudier la viabilité. Après tout, le Luxembourg s’en sort très bien et représente à peine un département français. Si l’on met de côté l’aspect monarchique du Grand Duché et l’asile bancaire qui attire les capitaux, les Luxembourgeois n’envisageraient pas non plus de rejoindre la France
ou l’Allemagne. Il est naturel que des francophones se tournent vers la mère patrie linguistique. Les affinités sont évidentes mais, comme le souligne Jennar, les modes de vie, l’organisation politique entre la France
et la Belgique
sont extrêmement différentes. Un rattachement de la Wallonie
à la France
poserait plus de problème à la population francophone et francophile qu’elle n’en résoudrait. De plus, il n’est pas certain que les Français accueilleraient à bras ouverts « nos amis belges ». Le mépris affiché par les Français pour ce petit pays et qui s’est concrétisé il y a quelques années par la vague des « blagues belges » n’augure rien de bon pour les Wallons ici.
Bien sûr, il est facile, de l’extérieur, de rayer la Belgique
d’un trait de plume comme on a rayé la RDA
en 1990. Dans ce dernier cas et, bien que répondant à une immense attente des population concernées, de même langue et de même culture, on peut cependant noter que cela ne s’est pas fait simplement et que le processus laisse des pans entiers de la population est-allemande et de l’économie est-allemande sur le carreau. Il peut paraître séduisant de voir les Pays-Bas occuper toute la côte de la mer du Nord jusqu’à Dunkerque, de voir la France
s’enrichir d’une vingt-troisième région dotée de plus d’autonomie (quand on voit les atermoiements de Paris concernant la Corse
) et, surtout, ce district Fédéral autour de Bruxelles qui deviendrait la capitale de l’Union Européenne et accélérerait le fédéralisme.
En fait, les seuls gagnants seraient les multinationales et, dans une moindre mesure, les Etats-Unis qui auraient, enfin, un interlocuteur européen unique auquel il serait plus facile de dicter sa conduite compte-tenu du poids grandissant des pro-américains dans l’Union.
Il ne faudrait pas que cette crise belge débouche sur une vaste zone continentale de libre-échange où l’ultralibéralisme, la dérégulation et la « concurrence libre et non-faussée » seraient la loi suprême. Nous en appelons, une fois de plus, à une union européenne qui s’articule autour du mieux-disant social et écologique.