Violences de gendarmes à Anduze
31 Janvier 2011
|Si c’est ainsi que les préfets entendent mener la réforme territoriale, ça promet.
J’ai (ndlr: Gabale) reçu le « forward » (transfert) d’un mail de Monsieur Alain Beaud, Maire de Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille (Gard) et Président de la Communauté de Communes Autour d’Anduze dont je vous rapporte l’essentiel du contenu :
« Vendredi 21/01/2011, une manifestation pacifique de citoyens et d’élus venus soutenir leur communauté de communes (CdC Autour d’Anduze) menacée d’éclatement par la volonté d’expansion de l’agglomération d’Alès, a été réprimée avec une violence inouïe par les force de l’ordre. Gazage et matraquage sans aucune sommation alors qu’il n’y aucune violence ni dégradation. Une vidéo amateur montre clairement les faits : des manifestants pacifiques, des élus (en écharpe) gazés, des personnes âgées gazées et matraqués, des manifestants blessés et des enfants qui courent. ../.. »
suite au lien suivant : http://www.gabale.fr/?p=6205
Après la diffusion sur le Net d'une vidéo montrant des violences de gendarmes à l'encontre de manifestants, le 21 janvier, dans le Gard, la gendarmerie a ouvert, jeudi 3 février, une enquête administrative de l'inspection générale sur cette affaire. Le vidéaste amateur qui a diffusé cette première vidéo a communiqué au Monde.fr une version longue de ses "rushes", "toutes les images que j'ai filmées ce jour-là", précise-t-il.
Une manière de répondre aux accusations provenant de la gendarmerie, selon lesquelles le montage mis en ligne est "parcellaire" et que les manifestants ne sont "pas si pacifiques que cela". Tout en soulignant que l'auteur de la vidéo est lui-même un manifestant.
Or la version longue de la vidéo corrobore plutôt les propos des manifestants, qui assurent que les gendarmes s'en sont pris à une manifestation pacifique. Le réalisateur, Edmond Zimmermann, reconnaît qu'il était effectivement venu en tant que manifestant et qu'il participe au blog militant Le Reboussier.
"ÇA MONTRE QUE JE N'AI PAS FAIT DE MONTAGE ORIENTÉ"
Mais il affirme que la diffusion des vingt-trois minutes de bande "montre [qu'il n'a] pas fait de montage orienté et qu'il n'y a pas eu de violence ou provocation avant que le commandant commence à utiliser sa bombe lacrymogène". Même s'il reconnaît que "ce ne sera jamais une preuve absolue [puisqu'il] ne filme pas en continu". Il ne semble pas y avoir de violence particulière avant l'envoi de gaz lacrymogènes. Concernant les jets de pierre contre la locomotive, évoqués par les détracteurs des manifestants, la vidéo n'en montre pas de signe avant un son de bris de verre, vers 18 min 55 s, plusieurs minutes après l'offensive des gendarmes.
Les images additionnelles concernent principalement les minutes précédant l'incident. L'ambiance semble assez détendue. Les manifestants protestent contre un projet de rattachement de leur communauté de communes à l'agglomération voisine, qu'ils estiment mené par le député et maire d'Alès, Max Roustan (UMP)."NOUS, LE FOLKLORE, ÇA NOUS DÉRANGE PAS"
Sur la version longue de la vidéo, on voit une des manifestantes, qui a depuis porté plainte, côtoyer le gendarme qui sera ensuite en première ligne des affrontements, Frédéric Warion, et discuter avec le maire d'Anduze, Bonifacio Iglesias. Pancarte autour du cou, elle reproche à l'élu d'avoir changé d'avis à propos de la communauté de communes. On voit le maire UMP d'Alès, écharpe claire, monter dans le train touristique qu'il a affrété pour ses vœux et qui arrivera, à la fin du document, à Saint-Jean-du-Gard, comme prévu. Il est interpellé par un manifestant qui lui reproche d'avoir traité ses opposants locaux de "cons" dans la presse locale.
Quelques minutes avant d'utiliser sa bombe lacrymogène, le gendarme apparaît souriant : "Nous, le folklore, ça nous dérange pas", dit-il notamment à Alain Beaud. Cet élu PS local annonce pourtant aujourd'hui le dépôt d'une plainte et affirme que les négociations – prévoyant quelques minutes de retard pour le train puis un retrait des manifestants au signal des gendarmes – n'ont pas été respectées. Dans les instants précédant l'envoi de gaz, on sent la tension monter d'un cran. Un manifestant dit : "Respectez les bleus !"
Avant la 17e minute de la vidéo, un gendarme se dirige vers Frédéric Warion et semble lui faire un signe. Ce dernier sort alors sa bombe lacrymogène et arrose les manifestants.
Alexandre Piquard
Interpellation musclée à Anduze
Le gendarme Frédéric Warion, commandant de la gendarmerie d’Alès, sort de l’anonymat : Frédéric Warion en avait probablement marre d’être contenu par le devoir de réserve qui empêche tout militaire, tout gendarme ou tout policier de se faire connaître en tant qu’individu, en le noyant dans la foule anonyme de ses collègues. Triste sort !
Je pense d’ailleurs depuis longtemps que si les policiers et gendarmes étaient distingués et individualisés par un numéro personnel unique inscrit en gros au dos de leur uniforme, à la place du traditionnel « Police », il y aurait moins de bavures. Si on pouvait identifier un policier ou un gendarme particulier sur une photo ou une vidéo, ils seraient probablement plus attentifs à ne pas faire n’importe quoi.
Alors qu’en l’état actuel des choses, ils peuvent commettre n’importe quelle violence sans être inquiété puisque personne ne peut les distinguer de leur voisin : « C’est pas moi, m’sieur, c’est sûrement un autre ! »
Frédéric Warion, commandant de la gendarmerie d’Alès, s’insurge aussi contre cet anonymat, et il a donc décidé de se faire connaître ; mais je ne suis pas persuadé qu’il ait choisi la meilleure méthode.
On le voit sur une vidéo amateur (de très bonne qualité, et qui a maintenant fait le tour de France – 650 000 vues), asperger de très près, avec une bombe de gaz lacrymogène, le visage d’honnêtes et paisibles manifestants du troisième âge, entourés d’élus locaux et accompagnés de quelques bambins.
Même les collègues gendarmes
de Frédéric Warion, commandant de la gendarmerie d’Alès, sont effarés
par sa violence envers d’innocents et pacifiques mamies et papys. Pour
une fois, ils ne peuvent pas prétendre que ce n’était pas lui (les
gendarmes ont souvent un esprit de corps très marqué) puisqu’on voit
Frédéric Warion pratiquement en gros plan quand il serre la main d’un
des élus locaux, avant la bagarre.
Je suis surpris que le petit Nicolas n’ait pas déjà proposé une loi interdisant aux commandants de gendarmerie de gazer des vieillards souffreteux et placides comme d’autres gazent les cafards dans les fonds de cuisine. Dominique Hasselmann vient d’écrire au ministre chargé de la gendarmerie nationale (je pense qu’il s’agit de Brice Hortefeux) pour lui demander de mettre hors d’état de nuire Frédéric Warion, ce dangereux cow-boy qui s’attaque aux passants dans les gares du midi.
Il faut faire connaître le gendarme Frédéric Warion, commandant de la gendarmerie d’Alès : il l’a cherché, il le mérite.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/02/03/violences-de-gendarmes-a-anduze-la-version-longue-de-la-video_1474902_823448.html