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Yonne Altermondialiste
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31 juillet 2006

le gaz part

Je sais, c’était facile. N’empêche, le gouvernement prépare toujours ses mauvais coups sous la chaleur. En fait de mauvais coups, il s’agit, pour des raisons purement dogmatiques, de poursuivre la casse du secteur public de l’économie, alors même que celui-ci fonctionne bien. En effet, on comprendrait la volonté de privatiser quand ça ne marche pas et que l’incompétence est flagrante mais ce n’est pas le cas.

L’an passé, à pareille époque, le gouvernement préparait la braderie des autoroutes qui, pourtant, lui fournissait une manne régulière non négligeable en période de déficit budgétaire. Cette fois, c’est un secteur majeur de l’énergie, appelé à se développer, qui fait l’objet d’une casse annoncée : le Gaz de France.

Rappel des faits : à l’occasion d’une menace supposée d’une entreprise italienne sur GDF, l’actionnaire, en la personne du gouvernement, en profite pour revenir sur une loi passé deux ans plus tôt et privatiser GDF en le plaçant sous la coupe des financiers de Suez. Comme l’évidence de la menace ne saute pas aux yeux, on a droit à un festival d’arguments spécieux : la menace étrangère, les disposition européennes, la mondialisation, la concurrence profitable aux consommateurs etc.

Qu’en est-il ? Il y a quinze jours, le PDG de Gaz de France affirmait que l’Union Européenne interdit désormais à EDF et GDF d’utiliser une facture commune pour l’électricité et le gaz. En réponse à cette interdiction, GDF se fait fort de proposer aussi de l’électricité et de ne fournir qu’une seule facture à ses clients, grâce à la fusion avec Suez.

Le gouvernement nous dit qu’EDF-GDF constitue un groupe trop fort en Europe et qu’il convient, pour ne pas entraver la concurrence, de le séparer. En conséquence, il propose à GDF de fusionner avec Suez afin d’avoir la taille nécessaire pour se positionner sur le marché mondial et, notamment, se trouver en position de force face à la concurrence et pour négocier le prix du gaz face aux fournisseurs.

La privatisation et la mise en concurrence de GDF doit profiter aux clients. Par conséquent, les tarifs augmentent et, le PDG de GDF se félicite de les voir s’aligner sur les tarifs du marché nettement plus élevés que ceux proposés par GDF pour ses clients d’aujourd’hui.

Dans ce domaine, comme dans tout ce qui touche à la mondialisation libéraliste et ses conséquences, on se moque ouvertement des citoyens. Une fois de plus, on rejette sur l’Union Européenne ce qui paraît le plus impopulaire. On nous dit que tout ce qui reviendrait à fusionner EDF et GDF serait interdit par la Commission européenne alors que la même chose mais venant de la fusion entre GDF et Suez serait bénéfique et surtout nécessaire.

De plus, cette stratégie visant à augmenter la taille de l’entreprise par le biais d’une fusion avec Suez et le rachat de petites entreprises similaires, a un coût. Bien sûr, ce coût est supporté intégralement par les clients sans qu’ils puissent s’exprimer.

En fait, face à l’évidence et au bon sens, le gouvernement et ses suivants ne savent que dire et se contredisent en permanence. Ils ne prennent pas beaucoup de risques vu que la majorité leur est acquise à l’Assemblée. N’empêche que l’on n’a pas fini de payer la facture de cet entêtement.

Il y a peu, nos services publics fonctionnaient plutôt bien et faisaient l’admiration de tous. Seul l’Etat a pu financer la Recherche et le Développement de programmes tels que le TGV, Ariane, Airbus. Aujourd’hui, le concept de TGV est repris dans le monde entier après constatation de la viabilité du projet financé par le contribuable. Le gaz, l’électricité, le téléphone sont répandus sur la quasi totalité du territoire, chose impensable pour une entreprise privée. Or, depuis que l’on privatise à tout va , que la concurrence se généralise, on assiste partout à une baisse de la qualité des prestations, une augmentation des prix pour le consommateur, l’élimination progressive d’entreprises correspondant à d’anciens services et le chômage qui se développe. Cela est valable pour la télévision, les télécommunications, les transports, l’énergie, la santé. De plus, il convient de rappeler que, pour nombre de services, la concurrence est de pure forme. En effet, parlant de la distribution de l’eau ou des énergies, le consommateur ne peut choisir son fournisseur et se plie à la volonté de celui qui est implanté dans son secteur.

Il n’y a pas si longtemps, même les plus modestes avaient accès au confort minimum fourni par les services publics en matière de transport, d’énergie, d’eau, de télécommunication, de santé. Depuis, les privatisations et la mise en concurrence, nombre de gens ne peuvent plus se soigner, téléphoner, s’éclairer, se chauffer, se déplacer. La concurrence a entraîné partout des hausses. Or, l’Etat continue à participer aux investissements les plus coûteux, tandis que les collectivités locales et l’Etat doit venir en aide à ceux qui, sinon, seraient privés de ce qu’ils pouvaient payer autrefois avec leurs faibles revenus. En d’autres termes, les privatisations et la concurrence sont payées au moins deux fois par le citoyen : quand il paie la facture en hausse et quand ses impôts servent à entretenir ce qui coûte et servent à financer la solidarité toujours plus sollicitée.

Dernier épisode pour le moment : la proposition de ne privatiser que la commercialisation du gaz et de maintenir les infrastructures dans le secteur public, c’est-à-dire à la charge du contribuable. Bien sûr, les tenants du maintien dans le domaine public se réjouissent du moindre mal que constitue cette proposition vu que le gros, d’importance stratégique, demeurerait propriété publique. En fait, il s’agit d’assurer les revenus au privé, c’est-à-dire aux actionnaires, tandis que tout ce qui coûte resterait à charge de l’Etat : entretien des tuyaux, dépannage, nouvelles installations etc. Il existe déjà un précédent : le chemin de fer. On a fait croire que la Commission Européenne exigeait la séparation des infrastructures et du foncier d’avec le transport et le commercial. En fait, elle réclamait simplement une comptabilité séparée. Aujourd’hui, la SNCF encaisse les bénéfices de son offre de transport (surtout après abandon des lignes peu rentables). Dans le même temps RFF doit entretenir les rails et construire les nouvelles lignes au profit de la SNCF. Conséquence : ne pouvant faire face, la vitesse commerciale a été réduite sur de nombreux tronçons et 1500 nouveaux kilomètres le seront dès l’application des horaires d’hiver. Il est facile de transposer à l’énergie : l’Etat entretenant les vieux tuyaux, les remplaçant, entretenant les lignes électriques en montagnes, là où il faut l’hélicoptère pour accéder, pendant que les nouvelles sociétés privées empocheront les bénéfices commerciaux. Il suffit de voir ce qui se passe pour le téléphone.

Alors, on peut bien dire que c’est le progrès et utiliser toute l’armada médiatique au service de l’ultra libéralisme, les faits sont têtus et démentent en permanence l’idée selon laquelle le citoyen, le client  y trouverait ne serait-ce qu’un mieux.

  Yves

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