Quelle concertation pour la déviation sud?

Le projet de déviation sud, tel que présenté dans le n° 107 d’Auxerre magazine, ne laisse pas beaucoup de latitude à la concertation. En effet, les trois « tracés soumis à la concertation » diffèrent très peu les uns des autres. On constate quelques centaines de mètres entre les différents tracés proposés.  Dans l’état actuel du dossier, on a la désagréable impression que le choix est déjà opéré vu que le tracé n° 3 est décrit comme ayant le moins d’inconvénients. Pour faire bonne mesure, il s’accompagne, et c’est le seul, de deux modifications possibles qui indiquent que l’on se servira de cette alternative pour souligner que l’on a écouté le public. En fait, cela ne fera pas beaucoup de différences.

Ne sont pas « soumises à la concertation » les propositions d’un certain nombre d’associations, dont l’AVITEC, qui optent pour l’utilisation des infrastructures existantes, moyennant des aménagements de sécurité déjà indispensables. Une alternative intéressante  prévoit l’utilisation de la RD 85  entre les RN 151 et RN 6. Cela permettrait de réaliser le contournement de Coulanges-la-Vineuse, demandé depuis longtemps par les villageois et l’utilisation de la chaussée à grand gabarit entre Coulanges et Vincelles. Ce tracé permettrait également de réaliser le contournement d’Augy et de soulager les riverains qui subissent depuis des décennies les nuisances de la route nationale.

En outre, tel qu’il est présenté, le projet occulte l’arrivée prévue du trafic provenant de la RN 6 dans la rue Louis Richard, déjà difficultueuse aujourd’hui, et dont les dimensions sont sans commune mesure avec, par exemple, l’avenue du Général DeGaulle qui recevait cette route en provenance de Paris avant la réalisation de la déviation nord-est. L’augmentation de l’insécurité prévisible sur cet axe et ses prolongements sera incomparable avec celle résultant de l’actuelle traversée de la ville par les véhicules en transit sur les boulevards et sur l’itinéraire PL à l’ouest.

D’autre part, ce projet insiste curieusement sur un trafic supposé important entre Troyes et Orléans et sur la desserte de la Puisaye à partir d’Auxerre. Quand on sait que les poids lourds devant se rendre de Troyes à Orléans peuvent bénéficier de la nouvelle autoroute A19 qui prolonge l’A5 sous utilisée, on est en droit de s’interroger sur les intentions de ce projet pharaonique qui pourrait bien, en revanche, devenir le prélude à une nouvelle autoroute Troyes-Auxerre-Bourges,

http://www.yonne.equipement.gouv.fr/article.php3?id_article=223

souvent proposée mais jusqu’à présent repoussée en raison de sérieux doutes sur son utilité et de son impact en termes de nuisances, incomparables avec le peu de bénéfices escomptés. Cette insistance paraît surtout avoir pour but de détourner le choix de l’alternative proposée plus haut. En effet, l’essentiel de la circulation qui justifie un détournement au sud d’Auxerre, concerne le transit des véhicules en provenance de Nevers-Clamecy et à destination de Paris ou de Troyes et non en provenance d’Orléans pour Troyes.

A noter que pour le trafic de transit à travers la Puisaye, la totalité de la RD 85, soit entre Saint-Fargeau et Vincelles, constitue une alternative intéressante permettant d’éviter la traversée d’Auxerre.

Il convient donc de procéder à une véritable concertation, qui prendra en compte tous les points de vue et toutes les options et qui sera fondée sur la satisfaction des véritables besoins. En outre, il devient extrêmement hasardeux d’annoncer un trafic de 35 000 véhicules sur la future déviation alors que l’augmentation réelle du prix des carburants et des coûts des transports routiers ne permettent pas de prévoir sérieusement l’état du trafic en l’an 2025. Dans l’immédiat, il convient de porter à la connaissance du public les propositions alternatives aux trois tracés similaires sur lesquels s’effectue l’actuelle concertation de pure forme ainsi que les coûts de chaque projet.