Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Yonne Altermondialiste
Yonne Altermondialiste
Publicité
Yonne Altermondialiste
Derniers commentaires
Archives
28 mai 2010

Manifestations du 27 mai : les casseroles de l'Europe

DSCF2255

Le Figaro exulte : la droite a senti passer le boulet mais, une fois de plus n’a pas été touchée. Dans la rue, beaucoup de monde mais pas autant qu’on aurait pu raisonnablement le penser : au moins 1500 manifestants à Auxerre. Une journée d’action à l’appel de tous les syndicats (à l’exception notoire de FO) sur les thèmes de l’emploi et des retraites aurait dû rassembler tout le monde. Loin s’en fallait. Ce qui a frappé les manifestants, c’est l’indifférence de beaucoup de badauds plutôt gênés de ne pouvoir faire leurs courses en ville à cause de ces gens qui occupaient le pavé, visiblement moins dérangés par les voitures qui circulent en temps ordinaire.

DSCF2257

Peu de jeunes : peut-on reprocher à des ados ou des jeunes d’une vingtaine d’années de ne pas penser à la retraite ? A cet âge, on a d’autres choses en tête que le repos avant la mort. On n’est pas encore fatigué et c’est normal. Si l’on a un boulot qui plait, on ne rechigne pas à bosser plus et se faire de la tune en plus (surtout si c’est pas déclaré).

Peu de chômeurs : pourtant, ils n’ont que ça à faire.logo_chomeurs

Lassés de ne pas être entendus, lassés d’être pris pour des fainéants, ils évitent de se montrer.

http://cgtchomeursrebelles56.blogspot.com/

Peu de clients et d’usagers des services publics : quand une entreprise quelconque vient faire une intervention à la maison, on s’étonne que ce ne soit plus marqué EDF, France-Télécom, GDF, DDE,

La Poste

mais, sur son agenda, on note toujours les sigles habituels. On se dit juste que ça a changé de nom sans se rendre compte que le service public auquel on avait affaire n’existe plus et que, désormais, tout est facturé. S’il y a un pépin, on ne sait même plus à qui s’adresser.

Toujours aussi peu de salarié du privé. La pression est telle depuis des années qu’il est devenu indécent de s’absenter de son travail pour quelque motif que ce soit. On est malade ? un peu de paracétamol et l’on va travailler. Un gosse au lit ? On lui laissera un téléphone et on l’appellera plusieurs fois dans la journée pour lui rappeler de prendre ses médicaments, comment réchauffer son repas avec le micro-ondes et qu’il y a des yaourts au frigo. Un artisan fait une intervention à la maison ? on laissera la clé à un voisin chômeur ou retraité. On culpabilise quand on prend ses jours de RTT. Il est de bon ton de ne pas prendre l’intégralité de ses congés. On n’ose même pas se plaindre en pensant aux millions d’autres qui n’ont pas de boulot et, donc, pas de revenus.

Surtout, il faut rappeler qu’il est plus que mal vu d’être syndiqué dans une PME et qu’on ne manquera pas de remarquer une absence justement un jour de grève.

Partout, dans tous les milieux, l’idée est profondément ancrée qu’en France on ne travaille pas beaucoup. On a beau avancer les statistiques d’organismes internationaux prouvant le contraire (genre OCDE), tout le monde est persuadé que les Français travaillent moins que les autres. Un peu comme si les Français, c’étaient les autres que soi.

Moi, je bosse mais dans la boite d’à-côté, ils n’en fichent pas lourd. Et puis, honnêtement, je ne bosse pas tant que ça, surtout depuis qu’ils m’ont mis un ordinateur. Alors, on attend avec un peu d’anxiété de savoir combien d’heures il faudra faire en plus chaque semaines pour conserver mon salaire et combien d’années il faudra faire en plus pour avoir une retraite à peu près correcte. Dans ces conditions, on ne va pas descendre dans la rue avec les vrais fainéants.

En fait, cette résignation cache une vraie peur. On a conscience que le monde a changé comme jamais. Jamais il n’y a eu près de sept milliards d’humains. Jamais on n’a utilisé des machines –les ordinateurs –qui peuvent accomplir autant de tâches et donner autant d’informations. Un ordinateur, c’est un service à lui tout seul. Jamais des machines n’ont pu remplacer des équipes entières de travailleurs. Jamais, enfin –pourquoi ne pas le dire ? –les transactions financières n’ont engendré des profits qui se chiffrent en unités de millions voire de milliards. Ce monde nous échappe. Alors, les décideurs qui vivent dans le court terme ont intérêt à ce que la situation qui les favorise perdure. Quant aux autres, ils s’accrochent désespérément à ce qu’ils ont toujours connu et sont prêts à tous les sacrifices, tous les reniements pour que le monde qu’ils ont connu perdure. Personne n’est prêt à affronter l’inconnu. Dans ces conditions, on attend fébrilement de savoir à quelle sauce on sera mangé.

DSCF2260

Et puis, à l’heure où les gouvernements de nombreux pays européens s’apprêtent à ponctionner encore un peu plus les salariés pour qu’ils épongent les dettes que les banques, les financiers ont contractés sans que ça leur rapporte un sou, au moment où l’on se souvient que l’Union Européenne devait apporte la croissance et l’emploi, il est temps d’engager des grèves à l’échelle européenne. Que tous les syndicats européens, regroupés dans la même union européenne décident d’une grande journée d’action européenne. Ne restons pas chacun chez soi à se moquer des autres peuples : les uns tricheurs, les autres fainéants, d’autres les deux en même temps. Puisque l’Europe est soi-disant unie, unissons nos forces et imposant une protection sociale européenne, progressive mais avec pour objectif un statut du travailleur européen.

En attendant, refusons la concurrence entre les salariés européens et refusons d’entendre ceux qui nous montent les uns contre les autres. Refusons les slogans simplistes et démagogiques de ceux qui nous promettent que plus d’UE, plus de « concurrence libre et non faussée », moins de fonctionnaires, c’est bon pour le pouvoir d’achat, bon pour la croissance, bon pour l’emploi. Cette politique est à l’œuvre depuis au moins 1992 (date de préparation au passage à l’UE) et c’est pire pour tout le monde : salariés, paysans, petits entrepreneurs.

http://www.m-pep.org/spip.php?article1693

Le 29 mai, cela fera cinq ans que les Français consulté par référendum ont refusé cette politique. Cela fait cinq ans que l’on fait tout pour denier cette volonté populaire. Cela fait cinq ans que la situation empire et que ce qui avait été annoncé par les opposants au Traité Constitutionnel Européen –retoqué en Traité de Lisbonne –se réalise. Que faut-il faire pour qu’on nous entende ? Voter ? à quoi bon si l’on ne tient pas compte des résultats. S’abstenir ? A quoi bon si l’on va chercher des faux prétextes à ce mécontentement. Taper sur les casseroles ? et pourquoi pas. C’est facile et toutes les personnes concernées par la dégradation de leurs conditions de vie peuvent se joindre au mouvement.

A l’heure où la finance ne connaît pas de frontière et sait trouver dans le monde, les travailleurs qui vont les renflouer avec l’aide de leurs gouvernements, les salariés européens doivent s’unir car nous éprouvons les mêmes difficultés et nous avons les mêmes adversaires. Pour une union européenne des travailleurs !

François arbore un drapeau rouge purDSCF2282

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité