La retraite, un choix de société
Bonjour,
Vous trouverez sur le site : http://www.france.attac.org/spip.php?article11893 un document Attac-Copernic qui fait le point des propositions alternatives pour les retraites et ci-dessous un communiqué d’Attac. J’ose une question : les partis à la gauche du PS sont-ils capables de se fédérer sur un tel document ?
J’interpelle directement le Parti de Gauche et le NPA qui seront en congrès sous peu : quelle suite allez-vous réserver à ce document majeur ? Et le PCF qu’en fera-t-il ?
Voici un exemple incontestable d’analyse et de propositions de fond sur lesquelles le rassemblement de la gauche de gauche pourrait et devrait se faire.
Raoul
Attac France,
Paris, le 16 novembre
2010
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Du printemps à l’automne 2010, un mouvement social a gagné la France entière,
avec une ampleur inégalée peut-être depuis plusieurs décennies. Malgré cela, le
gouvernement a fait passer en force sa réforme des retraites devant le
Parlement. Après s’être livré à un simulacre de concertation avec les
organisations syndicales, il a méprisé l’expression populaire qui s’est
manifestée de façon croissante. Sa réforme, profondément injuste, a pour but de
restreindre les dépenses sociales et les dépenses publiques afin de satisfaire
les exigences des marchés financiers. Il s’agit de faire payer la crise aux
catégories modestes, tout en poursuivant l’entreprise de démolition du système
par répartition pour faire la place à la capitalisation, aux assurances et à
l’épargne privées.
Au fur et à mesure que les arguments du gouvernement,
relayant ceux du Medef, étaient décortiqués et retournés par les salariés et les
citoyens, la question des retraites a progressivement catalysé autour d’elle le
rejet des politiques économiques et sociales qui se soldent depuis tant d’années
par plus de chômage, plus de précarité et d’inégalités, et plus de cadeaux
destinés aux plus riches, tandis que les étrangers étaient stigmatisés et
réprimés. Le gouvernement avait parié sur le désintérêt, la passivité et
l’incompréhension de la jeunesse. Mal lui en a pris, les jeunes sont entrés dans
le mouvement, manifestant ainsi une maturité et un sens aigu des enjeux. La
solidarité intergénérationnelle existe aussi dans la rue.
Que le gouvernement
parvienne ou non à faire appliquer cette loi, la lutte aura marqué les esprits
et les organisations, et nous devrons, dans les semaines et les mois à venir,
participer à l’élaboration d’un projet de réforme des retraites réunissant les
nombreuses propositions qui ont été mises en discussion, notamment au cours de
la campagne unitaire « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites
». Beaucoup d’entre elles font déjà l’objet d’un large consensus entre les
associations, syndicats et partis qui se sont engagés résolument contre la loi
Sarkozy-Woerth. Il s’agit maintenant de les mettre en cohérence et de les
soumettre à la discussion la plus générale possible.
Nous pensons cette élaboration possible parce que des principes forts ont
émergé et ont été imposés dans le débat public :
- la question des retraites
est en premier lieu une question de répartition de la richesse produite et du
temps de travail ; elle exige de remodeler radicalement la répartition des
revenus entre travail et capital en faveur du premier ; l’augmentation des
cotisations est parfaitement possible en soumettant à cotisations les profits
financiers distribués ;
- l’âge légal de la retraite peut et doit être 60 ans
à taux plein ;
- la durée de cotisation doit être compatible avec le partage
du travail nécessaire ; des compensations sont indispensables pour travaux
pénibles, carrières longues ou discontinues.
- la garantie d’un taux de
remplacement fait partie du contrat social intergénérationnel ;
- des minimum
et maximum de pension décents doivent être fixés pour réduire les inégalités
;
- les inégalités de pension entre les femmes et les hommes doivent être
combattues par une politique pour l’égalité à la fois dans l’emploi, la retraite
et la vie familiale ;
- la question des retraites a catalysé autour d’elle
l’aspiration à un renouvellement complet des politiques publiques permettant de
renforcer la cohésion sociale au lieu de la détruire ;
- la retraite
constitue en effet un choix de société alternatif à celui imposé par la finance
mondiale ; en particulier, le système de retraite par capitalisation doit être
catégoriquement refusé et la diminution du temps de travail doit permettre de
redéfinir la place du travail dans la société, de mieux vivre et de préserver
les écosystèmes.