Trou de la Sécu ?

22 mars 2008

Les idées reçues ont une caractéristique forte, c’est qu’elles ont ancrées durablement dans l’inconscient de chacun et sont indéracinables. Elles sont colportées et entretenues également par ceux-là mêmes qui en sont les victimes.

Ainsi, tout le monde est persuadé que

la SNCF

souffre d’un déficit chronique. Rien de plus faux. Depuis qu’elle ne gère plus les infrastructures, la SNCF
gagne de l’argent comme n’importe quel opérateur routier qui ne paie pas pour l’entretien des routes qu’il emprunte. En revanche Réseau Ferré de France a récupéré le déficit et doit continuer d’investir, notamment dans la construction des lignes à grande vitesse.

Toujours dans le train, on fustige régulièrement les « sandwiches SNCF » qui sont frugaux et mauvais. En fait, la restauration dans les trains relève depuis des lustres des « Wagons Lits » et, si elle n’est pas bon marché, reste tout à fait correcte.

Le pire demeure le déficit proverbial de la sécurité sociale.

En leur temps, MM. Vianney pour

la CGT

et Blondel pour FO essayaient d’expliquer, quand on leur permettait, que la sécurité sociale n’était en déficit qu’en raison du non paiement des sommes qu’on lui devait. Il s’agissait notamment de ce qui était dû par l’Etat et les entreprises en raison des exonérations de charges et des faillites. Il faudrait agréger aujourd’hui les exonérations de charges sur les stock-options. A cela s’ajoutait aussi l’aide apportée par le régime général à

la MSA

(mutuelle sociale agricole) qui, curieusement, n’est jamais dénoncée pour sa mauvaise gestion et son déficit qu’elle traîne quasiment depuis sa création, les cotisants n’apportant que 16 % de son budget.

Curieusement, les démonstrations des deux responsables syndicaux n’étaient jamais commentées ni par leurs collègues, ni par les politiques, ni par les journalistes dont c’est pourtant la raison d’être.

Or, voici qu’un document apporte un éclairage complémentaire et actualisé.

Pour combler un trou estimé à 12 milliards d’euros, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que :

De faire payer 1 € à chaque consultation
Cette somme est portée à 18€ pour toute prestation supérieure à 91€
De rendre obligatoire la consultation d’un généraliste avant de voir un spécialiste
De multiplier les contrôles d’arrêts de travail

On remarquera que cela ne s’applique qu’aux assurés qui se trouvent donc de moins en moins assurés.

On peut également s’interroger sur le sérieux des sommes à payer. Pourquoi 1 € et pas 2 € si système social est en danger ? Pourquoi 91 € et pas 90 € ou 100 € ?

Dans le même temps, l’Etat fait preuve d’un mépris souverain.

Ainsi, une partie des taxes prélevées sur le tabac au profit de

la CNAM

n’est pas reversée : 7,8 milliards d’€.

Une partie des taxes prélevées sur l’alcool au profit de

la CNAM

n’est pas reversée : 3,5 milliards d’€.

Une partie des primes d’assurances automobiles au profit de

la CNAM

n’est pas reversée : 1,6 milliards d’€.

La taxe prélevée sur les industries polluantes destinée à

la CNAM

n’est pas reversée : 1,2 milliards d’€.

La taxe part de

la TVA

destinée à

la CNAM

n’est pas reversée : 2 milliards d’€.

On y ajoute les retards de paiement par les entreprises, soit 1,9 milliards d’€, et les retards de paiement pour les contrats aidés, soit 2,1 milliards d’€.

Si l’on calcule bien, on arrive à un total de 16,1 milliards d’€ plus 4 milliards d’€, donc 21,1 milliards d’€ !

Cette somme est à mettre en rapport avec les 12 milliards d’€ de déficit annoncé.

On aurait au bas mot un excédent de 4 milliards et non un déficit !

Seulement, cela ne cadre pas avec l’idée selon laquelle la sécu est en déficit et que c’est de la faute de ces fainéants de salariés qui tirent au flanc, abusent des tranquillisants (certains se suicident mais on n’en parle pas beaucoup parce que cela ne coûte rien), ne travaillent pas assez.

Le pire étant peut-être que les salariés eux-mêmes préfèrent l’idée selon laquelle

la Sécu

est en déficit plutôt que d’admettre que les gouvernements ne font pas leur boulot et, à ce titre, relèvent des tribunaux pour mauvaise gestion.

Les sommes indiquées sont tirées du rapport de

la Cour

des Comptes de

la Sécurité

sociale.

http://www.ccomptes.fr/CC/Sommaire-18.html

le lien http://www.snamer.fr/snadossiers/secu.pdf

montre comment l’Etat a recours à des astuces de comptabilités pour s’exonérer de sa dette.

http://fo44.free.fr/fichier/2007/10/Tract%20securite%20sociale.pdf