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Yonne Altermondialiste
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20 mars 2009

Beau temps pour des funérailles : la grande manif du 19 mars

C’était une réplique dans je ne sais plus quel film. Ça pourrait s’adapter à ce jour de grève mémorable, le deuxième pour le premier trimestre de l’année. Donc, ça ne fait que commencer. Faut-il s’en réjouir ? Sûrement pas. D’abord –faut-il le rappeler ? –on ne fait jamais grève pour le plaisir. On perd un jour de salaire alors que, précisément, on proteste parce qu’on n’a pas assez pour vivre dignement. Ensuite, la grève est un échec : on n’a pas réussi à faire comprendre à ses chefs qu’on n’en peut plus. Enfin, la nature est ainsi faite que les grèves se déroulent presque toujours pendant la saison froide et qu’on défile sous un vent glacial. Pourtant, on le fait parce que l’enjeu est de taille.

 

Cette fois, il faisait beau mais, quand on voyait les cortèges des entreprises qui ferment, on ne pouvait que ressentir un immense chagrin. Chagrin accentué en constatant qu’on aurait dû leur céder la place en tête de la manifestation. Comme d’habitude, la préséance syndicale en a voulu autrement alors que la hiérarchie des contestations saute aux yeux : eux vont se retrouver au chômage dans les jours qui viennent. Le chômage, ça veut dire qu’on n’a plus de sous et surtout qu’on ne peut plus faire le moindre projet. Le moindre incident de la vie et c’est la catastrophe. La première d’entre elles étant, bien entendu, les dettes à honorer.

 

Bien sûr, les autres revendications ne sont en rien méprisables ou mineures. Mentionnons seulement la présence de retraités aux côtés des lycéens. Deux mondes qui s’ignorent en dehors du cadre familial défilaient ensemble. Tout de même, est-ce que les vieux n’ont pas mérité quelques années de répit après une vie de travail, de choix douloureux parce qu’on ne pouvait pas tout faire ? Et les plus jeunes, ne seraient-ils pas mieux dans des classes pas trop chargées à découvrir le monde qui les entoure et qui n’est pas forcément folichon ? Faut-il que nous soyons tombés bien bas pour voir ça !

 

Le point fort de la manifestation aura été le siège de la préfecture par les futurs chômeurs des entreprises qui délocalisent ou ferment. Pourtant, après le jet de batteries de voitures (l’une des entreprises qui délocalise est Fulmen), les manifestants – qui n’ont rien à perdre – ont forcé les grilles de l’administration et ont réclamé d’être reçus par le préfet. Curieusement, le reste du cortège ne s’est pas attardé à l’exception de quelques manifestants indépendants venus témoigner de leur solidarité avec les ouvriers. Le fort contingent d’enseignants en grève a poursuivi sans plus de curiosité. Chacun ses problèmes, n’est-ce pas ? D’ailleurs, les radios locales n’en ont pas parlé. En fait, le cœur du malaise n’est-il pas précisément là ? Tous les jours, les grands médias nous parlent de ce qui se passe mais personne ne reconnaît son quotidien. Les prix baissent mais personne ne le constate. A Paris, on croise partout des jeunes arborant des brassards de fortune « fac en grève ». Il faut croire que ça ne fait pas recette. Quand on interroge les « vrais gens », personne ne se reconnaît en eux. Ah, si l’on m’interrogeait, moi, je saurais bien quoi dire. Seulement voilà, nous avons, à juste titre, le sentiment que personne ne nous entend et que ce sont les indécis et les postiches qui font l’opinion. « Colin-Maillard et Tartempion sont les rois de l’information » chantait Jacques Dutronc. Rien n’a donc changé ?

 

Malgré le soleil, la grande manifestation ressemblait à un long cortège funèbre dont certains membres traînaient des carcasses de batteries noires tels de petits cercueils. Alors, si les dirigeants politiques et financiers ne comprennent pas que les salariés sont à bout, on peut penser qu’il y aura d’autres grandes manifestations. Jusqu’à quand ?

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