La déviation sud d'Auxerre dans la perspective des régionales
La déviation sud, telle qu’elle est régulièrement remise sur le tapis, malgré les réunions de concertation, malgré les promesses consiste à créer une nouvelle voie au sud de la ville afin que les véhicules en transit passant de l’ex RN 151 à l’ex RN 6 ne traversent plus Auxerre. Il est prévu un pont enjambant l’Yonne. Ce pont serait à deux fois deux voies, autrement dit, il s’agit d’un ouvrage autoroutier.
En clair, une fois achevée la déviation, on pourrait profiter de l’importance démesurée –compte-tenu du trafic –du pont pour prolonger la dite déviation au nord-est en direction de Troyes. La déviation sud est donc le premier maillon de l’autoroute A 26 qui refait régulièrement surface à l’approche d’élections et lorsque la population est occupée par d’autres sujets d’importance.
Qu’est-ce qui permet de l’affirmer ?
Il y a un précédent tout proche de chez nous, dans la Nièvre. Au la RN la Charité-sur la RN
Dans l’Yonne, après avoir réalisé le contournement sud d’Auxerre, l’avoir relié à la déviation est, après avoir réalisé les déviations de Villeneuve-Saint-Salves, Montigny, Pontigny, Saint-Florentin, Neuvy-Sautour, il suffira de les réunir pour avoir l’autoroute A 26 sans même s’en rendre compte. Dans un premier temps, on annoncera en fanfare qu’il convient de relier Auxerre au futur « pôle multimodal » de Vergigny et à sa gare TGV. On s’attachera ainsi le soutien de tous les amoureux du rail et de tous ceux qui prônent des alternatives au tout autoroute. Ce ne sera pas le moindre des paradoxes : faire une autoroute pour prendre le train…
On aura soin de souligner qu’il s’agira de la première gare
exclusivement TGV dans l’Yonne afin de flatter les Icaunais. Or, la gare de
référence du département a toujours été et demeurera celle de Laroche-Migennes,
ancien nœud ferroviaire et en correspondance avec la ligne d’Auxerre. La gare
de Vergigny se situe loin de la ville de Saint-Florentin qui compte 6 000
habitants quand la gare de Migennes se situe à 27 km 7 km
Dans l’état actuel des investigations auprès des listes progressistes, nous avons des réponses toutes favorables à la déviation sud. Les uns l’annoncent comme un projet phare destiné à montrer la compétence en matière de transports et marquer les mandats électifs. Pompidou a fait la tour Montparnasse, Mitterrand la grande bibliothèque, n’est-ce pas ? Dans l’Auxerrois, on aura la déviation sud devenue l’A 26. D’autres affirment que c’est inévitable et que, finalement, on ne va pas se battre contre quand il y a tellement à faire à côté. D’autres enfin, au nom de la lutte contre les nuisances liées aux poids lourds défendent bec et ongles la déviation sud.
Ce sont probablement les plus dangereux. En effet, pour se maintenir dans une stratégie de participation au pouvoir, ils feignent ou défendent sincèrement (après tout, il n’y a pas de raison d’en douter) les citadins gênés par le transit sur le boulevard Vaulabelle et le pont Paul-Bert. Cet argument a toutes les chances de l’emporter. Il suffit de flatter l’égoïsme pour s’assurer de l’adhésion à un projet inadapté. Qui peut être pour le passage de camions en ville ? Qui peut être pour le bruit de la circulation aux heures de pointe ? Qui peut être pour les ralentissements en ville après une journée de travail ? Que le problème soit déplacé vers les malheureux habitants qui croyaient avoir trouvé la tranquillité dans les quartiers sud n’a aucune importance. Il sera bien temps pour eux de réclamer dans quelques années un mur antibruit ou une déviation plus au sud.
C’est bien beau mais qu’est-ce que vous proposez ?
Pour être réélu dans notre démocratie, il faut avoir fait
quelque chose qui se voie. La déviation sud, devenue à terme l’autoroute, se
voit. Améliorer le réseau existant se remarque à peine. Ça ne fait pas de voix
aux élections. Pourtant, il faut examiner le projet alternatif : il suffit
d’aménager la portion de la RD la RD la
RD 4 km
Un jeu de dupes
En attendant, chacun fait mine de s’opposer à l’A 26 (promue par la droite) afin de marquer une adhésion de façade au « Grenelle » de l’environnement. On ne fait pas d’autoroute mais, au bout du compte, une fois les déviations et autres contournements achevés, une fois les « pôles multimodaux » en place, une fois les zones d’activités construites, il suffira de requalifier tout ça et l’autoroute aura été construite sans que les citoyens s’en aperçoivent et avec la bénédiction de défenseurs de l’environnement.
On ne peut pas militer pour une agriculture de proximité et soutenir un projet qui privera l’Auxerrois de terres arables, et qui abimera une zone de captage d’eau potable. D’autant que, avec la déviation, c’est non seulement l’autoroute A 26 qui commence mais ce sont aussi toutes les zones d’activités prévues et les installations de proximité comme les zones hôtelières.
En conclusion, toutes les listes qui ne se déclarent pas clairement et par écrit contre la déviation sud sont en train de nous leurrer. Comment faire confiance à des personnes qui, sous couvert de la défense de l’environnement urbain et de la lutte contre les nuisances de l’automobile préparent en silence le bétonnage de terres agricoles et une nouvelle autoroute ? Comment croire qu’ils n’agiront pas de même dans les autres domaines ?
La question de la déviation sud dépasse largement le problème de la circulation dans une ville. C’est, d’abord, un enjeu de transport régional puisque c’est le premier maillon d’une autoroute en projet. C’est aussi un test de crédibilité des conseillers que nous sommes appelés à élire.