Services publics à la rescousse

On nous avait dit, on nous répète qu'il faut privatiser les services publics, que l'État n'est pas capable d'assurer des tâches commerciales, que l'État en profite pour exercer un monopole inacceptable en démocratie, que les impôts pèsent trop sur les entreprises et, éventuellement les salariés et que la concurrence entre opérateurs (terme qu'il convient d'usiter désormais) fait baisser les prix.

Que constate-t-on ?

On paie des services autrefois gratuits comme les renseignements téléphoniques

Du jour où les services publics sont privatisés, les tarifs augmentent pour les usagers désormais traités de clients. Il paraît que ça change tout et que c'est plus valorisant pour celui qui paie les augmentations. En France, le gaz était moins cher que partout ailleurs. Depuis la privatisation et la mise en concurrence relative, les tarifs se rapprochent des prix du marché : il paraît que nous devrions nous en réjouir.

Les parties des services publics qui n'ont pas été privatisés parce qu'ils ne sont pas assez rentables ne profitent plus des bénéfices du groupe et doivent être subventionnés plus largement jusqu'au jour où... Au total, comme en Grande-Bretagne qui a tracé la voie, les services publics privatisés coûtent plus au contribuable.

Éventuellement, les entreprises s'entendent pour pratiquer les tarifs les plus élevés possible.

Quelques exemples : pendant les fêtes de fin d'année, les porteurs de journaux étaient en vacances. La presse régionale qui tape régulièrement sur les services publics a été bien contente de se rabattre sur La Poste pour palier les insuffisances de la distribution par portage (ré-introduite en France par Libération) plutôt que d'embaucher des remplaçants. Le service public ça a du bon.

Aéroport de Paris, n'a jamais connu une telle pagaille dans ses aéroports lorsque c'était un service public d'État. Aujourd'hui, ADP rejette la faute sur les compagnies aériennes, elles aussi privées ou privatisées qui s'en étaient prises à ADP parce que leurs avions ne pouvaient pas décoller. C'est une certaine idée de la concurrence. Les entreprises ne prennent pas leurs responsabilités pour faire des économies, dégager des bénéfices pour assurer des dividendes généreux à leurs actionnaires et se disputent.

Sans parler des grandes routes et même des autoroutes qui ont été nettoyées au minimum lors des chutes de neige de décembre.

Le plus fort, c'est que l'affaire du train Strasbourg – Port-Bou sera probablement utilisée pour justifier l'accélération de la privatisation d'une partie (la plus rentable) de la SNCF alors que, précisément, les entreprises privées du secteur des transport viennent de montrer leur incompétence dès qu'un imprévu survient. Comprenne qui pourra...