Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Yonne Altermondialiste
Yonne Altermondialiste
Publicité
Yonne Altermondialiste
Derniers commentaires
Archives
20 janvier 2011

Le cas Demorand

http://altermondyonne.canalblog.com/archives/2011/01/14/20127547.html

 

Dans le contexte où tout était bon pour dénigrer France-Inter, le départ de M. Nicolas Demorand sur Europe 1 s'ajoutait au malaise de la station nationale, à la reprise en main par le pouvoir sarkoziste. Pour alimenter la critique, on feignait d'oublier d'où venaient les uns et les autres. Par un curieux tour de passe-passe ceux qui ont un passé de gauchiste devenaient des sarkozistes à la botte et les lèche-bottes patentés passaient pour des impertinents.

 

À la rentrée, les forums critiquant la nouvelle grille de France-Inter développaient l'idée qu'il fallait partir écouter le regretté Demorand à 18h sur Europe 1. Une partie de ceux qui participaient de ce mouvement paraissent aujourd'hui s'étonner du ton agressif du journaliste envers M. Mélenchon. Ils ont, tout simplement, oublié que dans la matinale de France-Inter, M. Demorand faisait preuve de la même complaisance envers ceux qui avaient un certain pouvoir ou un pouvoir certain tandis qu'il paraissait rigoureux avec ceux qui n'avaient aucun pouvoir et surtout aucune habitude des médias, genre haut fonctionnaire envoyé au casse-pipe. M. Demorand s'est fait lui-même une réputation d'impertinent, très professionnel, aidé par une campagne publicitaire. Curieusement, après avoir (avec presque tous les autres) fait la promotion du Traité Constitutionnel Européen, sur l'antenne de France-Culture, M. Demorand s'était refait une étonnante virginité.

 

Si l'on regarde la vidéo

http://www.dailymotion.com/video/xgfiey_melenchon-dsk-represente-si-mal-la-gauche_news

 

nous avons un débat qui commence fort bien avec la question de savoir pourquoi M. Mélenchon ne fait pas un tabac dans les circonstances actuelles. Pourtant, à l'occasion de questions d'auditeurs, soigneusement sélectionnées, ça dérape. M. Demorand assène une contre-vérité – en l'occurrence que son invité n'a jamais été élu dans une grande élection. Habituellement, le journaliste poursuit son propos et l'invité, trop impatient de faire passer son message, ne rectifie pas ou laisse tomber. Seulement, M. Mélenchon ne laisse rien passer. D'ailleurs, ça avait commencé de la même manière lorsque le journaliste, pour haranguer les foules a repris le terme de « castagne » dans le sens exactement inverse de celui de l'invité.

 

Ce débat illustre bien la tendance observée depuis une petite vingtaine d'années. Désormais, l'invité n'est là que pour mettre en valeur l'animateur ou le chroniqueur qui se fait une spécialité de mettre sur le gril l'invité.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/03/28/13172760.html

 

Dans ces circonstances, l'invité est pris au piège. Qu'il fasse mine de simplement se défendre et il déclenchera les foudres des co-animateurs et sera accusé de n'avoir pas d'humour. Avoir le sens de l'humour, dans les médias, consiste à faire mine d'apprécier de se faire rabaisser. C'est tout bénéfice pour l'animateur qui passe pour un « impertinent », quelqu'un à qui on ne la fait pas, qui n'a pas peur de dézinguer son invité en face de lui. L'animateur se fait une réputation à peu de frais en cassant du sucre sur le dos de ses invités. Peu de chance pour que l'autre ose se défendre, encore moins contre-attaquer et passer pour un rabat-joie dans une émission d'humour ou pour un mauvais joueur dans une émission d'information. On trouve toujours des gens qui vont au cirque dans l'espoir de voir le lion dévorer le dompteur.

 

Dans une émission comme celle-ci, qui mélange l'information, la culture et le divertissement, qui est filmée, l'animateur a le beau rôle. Il se met en scène. Pour faire branché, pour faire jeune, pour faire « impertinent », pour faire contestataire donc indépendant, M. Demorand entretient une barbe de trois jours et porte un haut de survêtement à la manière des banlieues. Ça lui donne un style qui le met à l'abri des critiques. Les apparences ont beaucoup d'importance dans l'univers médiatique.

 

Maintenant, gageons que nous verrons d'autres échanges de ce type avec M. Mélenchon. Les journalistes, toujours prompts à défendre les leurs (un peu comme les dessinateurs de presse) ont décidé d'avoir sa peau. Désormais, chaque fois qu'il sera invité, on essayera de le ridiculiser, de le mettre en difficulté,

http://www.dailymotion.com/video/xesl1i_dsp-segolene-royal_news

 

Quand il n'est pas sur le plateau, on se répand en commentaires méprisants. C'est un populiste, un démagogue qui s'en prend aux journalistes pour justifier son insuccès. En revanche, face à un ministre, un membre de la majorité ou quelqu'un qui pourrait devenir ministre à l'occasion d'un changement de majorité, on posera des questions qui lui permettront de dire ce qu'il a envie sans crainte d'être interrompu. Il n'y a là, pas grand chose de nouveau.

 

Seulement, quoi qu'il arrive, l'invité aura tort s'il fait mine de critiquer un journaliste. Aussitôt l'ensemble de la profession lui tombera dessus et le coincera. Qu'on se rappelle comment Mme Royal avait été traitée pour avoir seulement enlevé le titre d'une couverture de magazine. Son propos, sa démonstration n'avaient alors plus aucune importance. Seul comptait ce crime consistant à découper un titre. Comme si, lorsqu'on travaille sur la presse, on n'avait pas l'habitude de découper les articles sans forcément conserver le titre du support.

http://www.dailymotion.com/video/xesl1i_dsp-segolene-royal_news

 

La vidéo Demorand-Mélenchon montre bien que quoi qu'il arrive, le journaliste aura le dernier mot. Il suffira de lancer une pique ultime juste avant que le générique ou la publicité ne couvre la réponse de l'invité.

 

Finalement, sans s'en rendre compte, M. Demorand a répondu à sa propre question du début : pourquoi n'avez-vous pas plus de succès ? La puissance médiatique, la force consensuelle autrement appelée la pensée unique interdisent à une voix différente d'être audible. Celui qui n'entre pas dans le moule devra d'abord faire allégeance, passer sous les fourches caudines. Sinon, il devra sans arrêt user de l'énergie à se justifier, à répondre à tous les coups bas. Cette vidéo est emblématique de ce qu'est devenue l'entrevue politique.

 

 

 

Poursuivre la réflexion avec d'autres critiques des médias :

 

http://altermondyonne.canalblog.com/archives/2011/01/14/20127547.html

 

http://altermondyonne.canalblog.com/archives/2011/01/14/20127547.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/01/29/16710948.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/04/10/17529034.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/09/05/18984414.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/10/15/19334491.html

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité