Après la manifestation du 10 septembre

Un peu moins de 500 personnes mardi 10 septembre dans l'après-midi à Auxerre et presque 200 à Sens le matin. On ne peut pas parler de succès. Au plan national, ce n'est pas mieux. La résignation semble l'emporter malgré, ici et là, les commentaires moqueurs sur cette réforme des retraites qui va obliger à partir autour de 70 ans ; à condition de n'être pas licencié avant comme ça se passe aujourd'hui.

Résignation mais aussi conditionnement tant les médias nous rabâchent depuis des années qu'il faut travailler plus longtemps puisqu'on vit plus vieux. À croire que le chômage de masse n'existe pas et que tout se passe comme s'il y avait de l'emploi pour tous et qu'il faille simplement faire un effort pour payer une vie de retraite de plus en plus longue. Or, ce qui rend le financement difficile aujourd'hui, et pire pour les années à venir, c'est précisément que le nombre d'actifs au travail diminue et ne permet plus d'assurer ce financement. Il faudrait donc élargir l'assiette des cotisations à d'autres sources de revenus, notamment financiers. Aucun gouvernement ne veut prendre ce risque. Mieux vaut faire avec des bouts de ficelles en sachant parfaitement que ça ne marchera pas. D'ici là, d'autres seront au pouvoir et devront se dépatouiller avec une situation aggravée, faute d'avoir fait les bon choix maintenant.

Le Gouvernement excelle dans la reculade. Chaque fois qu'il fait mine de forcer les plus favorisés à davantage de solidarité et de patriotisme économique, il annonce peu après que la hausse sera compensée par une nouvelle mesure qu'il faut bien qualifier de « cadeau ». Pour les salariés, toute hausse est bien réelle. Ainsi, la taxe sur les transactions financières, appelée communément « taxe Tobin », devait être mise en place. La majorité précédente l'envisageait déjà et l'on pouvait raisonnablement penser que celle-ci aurait à cœur de la mener à bien. Non seulement elle a été revue à la baisse (taux d'imposition inférieur à 0,5%) mais on n'en parle déjà plus, un an après l'arrivée du gouvernement de centre-gauche.

Dans la manifestation, il n'était question que de la retraite. Pourtant, au départ, la cause devait couvrir également l'emploi et les salaires. Évidemment, le contexte est tel que les autres sujets sont passés à la trappe. Or, l'emploi est bel et bien la base de tous les problèmes économiques, sociaux et sociétaux d'aujourd'hui. Que chacun ait un emploi, donc un revenu et les autres problèmes seraient réglés mécaniquement. C'est bien pour cela que nous soutenons l'initiative d'alternatifs suisses pour un revenu de base pour tous. Bien sûr, en tant qu'altermondialistes, nous continuons de réclamer la taxe sur les transactions financières en sachant que quelques unités (1 ou 2 %) suffirait à dégager plusieurs dizaines de milliards et serait indolore pour les opérations concernées. Qu'on observe simplement l'application de l'initiative du Président Chirac (pourtant très éloigné de notre bord) consistant à prélever une taxe de 1% sur les billets d'avion afin de financer des médicaments pour les pays en voie de développement. Personne n'y prête plus attention.

L'édition en ligne du quotidien local propose ce jour un compte-rendu sommaire de la manif d'Auxerre.

http://www.lyonne.fr/accueil/brightcove/2013/09/10/500-manifestants-a-auxerre-contre-la-reforme-des-retraites-92662650541001.html

Déjà, on parle d'un nouveau rendez-vous les 18 septembre, soit dans sept jours. Les salariés échaudés par les journées de revenu perdues de 2010 ne sont sûrement pas prêts à remettre ça. À l'époque, Force Ouvrière n'y participait pas, préférant une stratégie de grève générale illimitée. Quel aurait été le résultat ? De toute évidence, les manifestations à répétition présentaient le risque, à chaque fois, de voir le nombre de participants décroître ; la nouvelle amplifiée par les médias jamais favorables aux causes défendues par les syndicats. Pas sûr qu'il faille réitérer une stratégie qui a échoué avec un gouvernement de droite, surtout que la mobilisation du 10 septembre n'a pas été un franc succès.