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Yonne Altermondialiste
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7 septembre 2006

SORTIR DE LA CRISE D’ATTAC par Bernard CASSEN

LA MEILLEURE  MANIÈRE DE SORTIR DE LA CRISE D’ATTAC

Rendre la souveraineté aux adhérents


La déclaration de Susan George, Pierre Khalfa et Gus Massiah du 5 septembre mérite d’être saluée pour toutes les raisons qu’elle rappelle de sauvegarder et de renforcer Attac. Mais les solutions qu’elle préconise (le retrait simultané de 6 personnes du Conseil d’administration), alors qu’elle reconnaît, dans le même temps, que « la crise d’Attac ne se résume pas, pour l’essentiel, à une question de personnes », apparaissent très  timorées par rapport aux enjeux, même si elles s’inscrivent dans une démarche constructive. Ce sont des mesures autrement plus radicales qu’il convient d’adopter pour traiter des causes profondes de la crise d’Attac, et pas seulement de certains de ses symptômes les plus visibles dans la mesure où ils sont  personnalisés. Tel est l’objet du présent appel.

Bien au-delà et bien en amont des polémiques nées des accusations de manipulations électorales – il convient ici de rappeler notre attachement à ce que les travaux de la commission d’enquête puissent permettre la manifestation de toute la vérité - la crise actuelle d’Attac tient en effet  largement au fait que les questions de sa nature et de son identité n’ont jamais pu être abordées de front devant l’ensemble des adhérents en raison des dysfonctionnements des instances statutaires de l’association.

C’est ainsi, entre autres graves anomalies, que le CA précédent a refusé de permettre aux adhérents de choisir entre des propositions différentes par l’ouverture de « fenêtres » dans le document d’orientation de 2005, conduisant de ce fait à un unanimisme de façade; que, en huit ans d’existence, et à l’exception d’une réunion de travail en 2002, le Collège des fondateurs, s’est seulement intéressé aux enjeux de pouvoir dans Attac et n’a nullement joué son rôle statutaire (article 11) : « Proposer au Conseil d’administration les grandes orientations et lignes d’action de l’association » ; et que la direction du Conseil scientifique (instance dont les membres sont nommés et non pas élus) l’a fait sortir de son rôle - « proposer au Conseil d’administration les axes de recherche de l’association » - pour se muer en plateforme d’opposition à l’ancienne direction de l’association.

Ces dérèglements, dont les adhérents ont graduellement pris conscience, n’ont heureusement pas paralysé l’association pendant la campagne conduisant à la victoire du « non »au traité constitutionnel, mais ils se sont aggravés  dès le lendemain du 29 mai. Ils ont pris une tournure critique après l’Assemblée générale de juin dernier, et plus encore après la publication du rapport Passet.

Dans la perspective des nouvelles élections au Conseil d’administration, convoquées début décembre, et dans la mesure où les instances statutaires ont pour une bonne part affiché leurs carences, il est impératif qu’Attac  puisse repartir du bon pied en donnant aux adhérents un signal sans équivoque que c’est désormais entre leurs mains, par l’accès aux responsabilités d’une nouvelle génération militante, et pas seulement par le retrait de 6 personnes,  que repose l’avenir de l’association.

Attac doit être libre et responsable pour déterminer l’évolution de son histoire. C’est pourquoi le débat, jusqu’ici interdit de fait dans l’association, sur le « positionnement » et sur l’indépendance d’Attac par rapport à toutes les organisations, en premier lieu celles qui en sont membres dites « fondatrices », doit pouvoir se dérouler en toute transparence à partir de documents d’orientation si possible exempts de langue de bois.

La question posée est en effet très simple : Attac doit-elle être dirigée par les élus de ses adhérents pour, comme dans toute autre organisation, développer son projet associatif propre ; en l’occurrence le combat sans concessions et sans tabous contre le néolibéralisme. Ce qui implique de pouvoir s’affranchir des limites imposées par les positions préalables et les préoccupations stratégiques des organisations fondatrices.  Ou bien doit-elle être, pour l’essentiel, dirigée par de « grands électeurs », c’est-à-dire des organisations pratiquement auto-désignées au Conseil d’administration en raison de leur poids. Des organisations qui sont à la fois dehors et dedans, qui ont chacune leur histoire, leurs contraintes et surtout leurs missions spécifiques, parmi lesquelles le combat idéologique et politique contre le néolibéralisme n’est pas nécessairement la première des priorités, comme on a notamment pu le constater lors de la campagne du référendum ?

Les organisations et personnalités membres du Collège des
fondateurs peuvent jouer un rôle décisif pour aider Attac à surmonter la situation grave dans laquelle elle se trouve actuellement. Et cela de deux façons, qui s’inscrivent dans le prolongement de la prise de position des Amis de la Terre du 9 août dernier :

-       en remplissant enfin la mission que lui attribuent les statuts : celle de travailler à l’élaboration d’analyses et de positions communes à soumettre au Conseil d’administration, ce qui implique beaucoup de débats et d’échanges entre elles, compte tenu de leur diversité.
-       en laissant aux seuls élus des membres actifs représentants des adhérents,  le soin de la piloter en occupant tous les postes de responsabilité.
   
« Le Monde diplomatique », qui a été à l’origine de la création d’Attac, et « Politis », qui s’y est immédiatement associé, se doivent de donner l’exemple. Nous informons donc le Collège des fondateurs que, en tant que représentants de leurs sociétés éditrices respectives et en accord avec nos structures de mandatement, nous ne plein siègerons plus au Conseil d’administration d’Attac à partir de décembre 2006, dès la proclamation des résultats des élections des membres actifs. Cette décision est définitive : à l’avenir, ni « Le Monde diplomatique » ni « Politis », en tant que personnes morales, ne seront candidats à quelque élection  que ce soit à Attac.

Il ne s’agit évidemment pas d’un désengagement de l’association : nous continuerons de participer aux travaux de ses  commissions et groupes de travail, et ferons de notre mieux pour apporter notre contribution aux débats et aux productions du Conseil scientifique, dès lors qu’il n’outrepassera pas ses attributions statutaires. Ce qui devrait amener sa direction actuelle, la même depuis cinq ans ( et dont plusieurs de ses membres les plus en vue sont désormais également membres du Conseil   d’administration) à réfléchir à son renouvellement ou a y être conviée par ce même Conseil. Surtout, nous serons heureux, avec les autres organisations et personnalités membres du Collège des fondateurs, de travailler à l’élaboration de positions communes à soumettre à un Conseil d’administration, composé des seuls élus des membres actifs.

Nous invitons toutes ces organisations et personnalités à débattre de cette démarche et à la rejoindre.
Nous proposerons par ailleurs que la prochaine réforme des statuts formalise cette nouvelle configuration : aucune implication des membres fondateurs dans la direction et la gestion quotidienne de l’association ; forte implication dans l’élaboration des propositions d’orientation et d’action soumises au Conseil d’administration.

Dans cette hypothèse, le Collège, dont la composition est pratiquement figée depuis huit ans, pourrait accueillir sans conflits de nouveaux membres représentatifs de la mouvance altermondialiste et de l’évolution des luttes dans la dernière période puisqu’il serait déconnecté de tout enjeu de pouvoir au sein d’Attac.

Sur le plan technique, ce retrait ne soulève aucun problème. De deux choses l’une en effet :
-       si l’élection de décembre prochain a seulement lieu pour les membres actifs, les 18 élus du Collège au Conseil d’administration restent en place, mais ils n’y siègent plus  jusqu’aux élections consécutives à la prochaine réforme des statuts qui entérinent leur non participation à la direction d’Attac. Ce qui ne les empêche pas, s’ils le souhaitent, d’assister aux réunions du Conseil sans prendre part aux votes.
-       Si l’élection de décembre prochain a lieu à la fois pour les membres actifs et les membres fondateurs, ces derniers ne présentent aucun candidat.

Nous sommes convaincus que si cette initiative est reprise par tous les membres du Collège des fondateurs, elle sera très favorablement reçue par l’immense majorité des adhérents et  créera les conditions du sursaut que tous espèrent. En conclusion de son rapport, René Passet lance un appel à « l’abnégation de tous ». Nous espérons que tous les membres du Collège des fondateurs y répondront positivement.

Jean-Pierre Beauvais et Bernard Cassen

PS :  Au moment de boucler ce texte, nous avons pris connaissance sur les listes électroniques de la déclaration de Jacques Nikonoff. Certains des propositions qu’il avance font déjà partie de notre corpus commun de référence (sans pour autant faire l’objet de conditionnalités) et se retrouvent  donc dans le présent appel. D’autres peuvent permettre de lancer un débat

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