Les Français payeront l’addition pour les camions
Quand est-ce que les Français comprendront que chaque fois qu’une catégorie est exemptée d’une taxe ou d’un impôt lié à la nuisance de son activité, c’est tout le monde qui voit ses impôts augmenter ?
En l’occurrence, le gouvernement s’obstine dans une erreur stratégique en ne se donnant pas les moyens de sa politique ; ce qui le conduit à chercher et à annoncer toutes les semaines une taxe ou un impôt nouveau. Il aurait fallu entreprendre une réforme fiscale d’ampleur et non procéder à cette politique de gribouille qui mécontente tout le monde et fait que des citoyens lambda et des militants sincères se retrouvent pour encourager des manifestants qui luttent contre leurs intérêts.
Les Bretons qui arborent leur bonnet rouge en référence à une lutte du temps de l’ancien régime manifestaient pour que perdure une agriculture liée à la chimie qui dépend des subventions payées par le contribuable et qui produit des aliments dangereux pour la santé. C’est bien ce système qui met au chômage les salariés français et notamment les Bretons, qui ruine les agriculteurs français et notamment les Bretons.
Quand on milite pour rendre possible un autre monde avec une agriculture de proximité, soucieuse de la santé des consommateurs et de l’environnement, utilisant des circuits de distribution courts afin de limiter les transports et leurs coûts, on ne peut, logiquement, suivre ce mouvement corporatiste qui exige la poursuite d’une politique agricole nocive à tout point de vue.
En attendant, une fois de plus, le principe « pollueurs payeurs » est mis sous le boisseau et ce sont tous les Français qui devront régler l’addition d’une politique qui les met en mauvaise santé en polluant l’air qu’ils respirent, les nappes phréatiques et, en bout de chaine, le cochon (c’est le cas de le dire) de consommateur qui trouve ces aliments dans son assiette.
En attendant, cette éco-taxe qui aurait dû être la première étape d’une politique à long terme, visant à diminuer le nombre de camions sur les routes en favorisant les autres moyens de transports et les circuits courts ne verra jamais le jour. Il ne reste presque plus rien du « Grenelle de l’environnement ».
Nous publions donc le communiqué de France Nature Environnement qui rejoint nos préoccupations.
Le premier ministre a annoncé ce matin un moratoire sur la TKPL.
Réaction indignée de FNE.
Les routes ne sont pas gratuites. Elles sont payées par les Français et usées par les camions. En outre le « tout camion » pollue et réchauffe le climat. Cette taxe, juste écologiquement et socialement, si elle n’entre pas en vigueur va entrainer une augmentation des impôts locaux pour payer l’entretien des routes passées sous l’autorité des collectivités locales. Elle est aussi un signal pour les poids lourds de toute l’Europe : venez traverser la France, c’est pas cher pour vous !
Le cadeau fiscal ne résoudra rien et enfonce le pays dans la crise
Le cadeau fiscal coûtera plus d’un milliard par an à l’Etat, en manque à gagner, 800 millions de plus si le contrat avec le prestataire est rompu. Par ailleurs, la crise profonde que traversent certains secteurs agricoles ne saurait trouver de solution si nous sommes incapables de favoriser une production (notamment agricole) de proximité, faiblement émettrice de gaz à effets de serre et de pollutions atmosphériques. Le moins disant environnemental et social, payant le plus mal ses salariés et polluant le plus, continue d’être l’alpha et l’oméga d’un dogme productiviste qui saigne nos territoires et notre économie. Tant pis pour les conséquences tant que le prix est le plus bas possible et qu’on ne paye pas pour son outil de travail (la route)…
Nous n’aurons pas les moyens de la transition écologique
Pour mémoire, rappelons que le gouvernement avait promis que la baisse du budget du ministère de l’écologie de 7% serait compensée par la TKPL. Sans elle qui le financera ?... On ne peut continuer à faire comme avant en espérant que ça change. La transition écologique nécessite des investissements et il nous semble naturel que ceux qui sont les principaux responsables de la crise écologique soient aussi ceux qui financent prioritairement la sortie de crise au profit de tous ceux (dont de nombreuses entreprises, exploitants agricoles…) qui essayent de construire la France de demain. A moins de remettre en cause le principe pollueur-payeur et d’assumer un état de fait : aujourd’hui c’est pollué-payeur !